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L’enjeu majeur de l’éducation des enfants sourds est de leur permettre de maîtriser pleinement une langue, qu’il s’agisse de la langue française parlée ou de la langue des signes française (LSF). Dans tous les cas, les enfants sourds apprendront la langue française écrite.
La surdité ou la malentendance entraînent une difficulté à acquérir spontanément et facilement la langue française parlée. Dès lors, il faut accompagner l’enfant sourd ou malentendant de manière outillée et spécifique pour qu’il acquiert les bases d’une langue de communication.
La loi reconnaît le libre choix des parents d’élever leur enfant sourd dans la langue qu’ils souhaitent, langue française parlée (ou orale) ou langue des signes française. La Haute autorité de santé décrit ainsi deux stratégies possibles, sans que l’une ne revête de supériorité sur l’autre.
L’approche audiophonatoire consiste à faire acquérir en premier lieu la langue parlée à l’enfant. Pour ce faire, il sera nécessaire de proposer à l’enfant une correction auditive aussi efficace et aussi précoce que possible, par le port de prothèses auditives ou d’implants cochléaires. Une rééducation orthophonique soutenue et longue accompagnera les acquisitions de l’enfant. Il est possible, dans ce cadre, de recourir à la langue française parlée complétée (LPC) pour aider au développement de cette oralisation.
L’approche visuogestuelle vise à faire acquérir en premier lieu la langue des signes française (LSF). Si les parents ne sont pas locuteurs de cette langue, la priorité pour eux sera de l’apprendre. En parallèle, l’enfant gagnera à être entouré d’adultes maîtrisant bien cette langue. Opter pour une acquisition de la langue des signes comme langue première débouche logiquement sur une scolarisation bilingue.
Privilégier l’acquisition de la langue française parlée ou de la langue des signes française (LSF) a donc des implications différentes, notamment sur la scolarisation ultérieure des enfants. La circulaire du 3 février 2017, qui porte sur la scolarisation des enfants sourds, insiste sur l’importance et l’intérêt de formuler un choix linguistique, et prévoit des formules qui respectent ce choix.
La première langue de communication n’est pas forcément la seule. Elle peut constituer un socle solide, permettant ensuite d’en acquérir d’autres.
Dès sa naissance, un bébé communique avec son environnement. Selon l’âge et les possibilités de l’enfant, la communication passe plutôt par
Qu’un enfant soit sourd ou entendant, il prépare l’apprentissage du langage par cette communication première. Il ne faut donc pas la négliger.
Par ailleurs les enfants très jeunes explorent autour d’eux par tous les sens. Les enfants sourds se servent naturellement beaucoup de la vue, et on peut favoriser ces stratégies par le regard en pointant les objets, en les leur montrant, puis en utilisant des photos, des dessins, etc. Si la perspective est celle d’une éducation oraliste avec prothèses ou implants cochléaires, une attention peut être portée au monde sonore qui environne l’enfant.
L'enfant acquiert petit à petit le langage en s’imprégnant et en imitant les personnes qui l'entourent. Il procède par essais - erreurs : il fait des hypothèses qu'il teste avec les personnes de son environnement. Il est important que celles-ci puissent reformuler ce qu’exprime l’enfant et vivent avec lui des échanges riches, quelle que soit la langue (langue des signes ou langue française parlée). Ces interactions permettent à l'enfant de prendre progressivement conscience de ses productions et de les affiner.
Par la suite, le langage continuera à se développer, vers une finesse de plus en plus grande. En effet, l'enfant va petit à petit comprendre une phrase complexe, savoir différencier ses interlocuteurs, avoir accès au sens figuré, aux expressions, aux images, à l'humour, etc. Ces acquisitions se font progressivement, débutant dans l'enfance et se renforçant à l'adolescence. Ces aspects complexes et élaborés du langage se construiront grâce à l'école, aux lectures, aux échanges en famille.
Même si des efforts particuliers peuvent être demandés, des exercices spécifiques proposés, l’acquisition d’une langue se fait surtout par des interactions fréquentes, vivantes, ludiques, affectives, entre l’enfant et son environnement.